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"Le libre accès du transport public serait techniquement ingérable"

Collectif sans ticket - octobre 2001

L’augmentation du nombre d’usagers provoquerait rapidement une saturation du réseau. On peut évidemment reprendre ici les critiques faites à la première objection S’il devait ne pas y avoir de places pour tout le monde, il serait admissible que la sélection de ceux que l’on va transporter se fasse non pas en fonction de leurs besoins, mais bien de leurs capacités financières. Mais on peut formuler ici d’autres remarques.

Le transfert modal qu’entraînerait l’accès gratuit des transports publics devrait libérer des espaces-temps de circulation pour des transports collectifs supplémentaires et en même temps accroître les possibilités de créer des sites propres qui leur soient réservés. Si des mesures complémentaires à la "gratuité" étaient prises en parallèle, telles que celles que nous avons déjà évoquées (incitants au co-voiturage, à l’usage du vélo ou de la marche à pied, redéploiement de services publics de proximité, etc), le désengorgement des villes qui en résulterait permettrait d’augmenter le parc de transports collectifs mis en circulation. Cela réduirait fortement les risques de saturation du réseau.

Ajoutons que, dans l’état actuel des choses, en dehors des heures de pointe, il y a de la marge : de l’avis même de la plupart des conducteurs de bus (et de trains), les transports publics véhiculent majoritairement "du vide" [1] ! Les nouveaux usagers que la gratuité attirerait dans les bus irait sans doute spontanément remplir plutôt ce vide que de venir s’agglutiner à des navetteurs déjà quotidiennement compressés.

Si une véritable volonté politique existe et se concrétise avec cohérence et intelligence, les risques de saturation que l’on nous prédit sont donc quasi nuls sur le réseau urbain du transport public. Il ne se réduit plus guère qu’au rail et durant les seules heures épiques de circulation massive des navetteurs [2]. Or, comme nous l’avons déjà évoqué, le type de salarié faisant ses cinq jours de travail par semaine, avec horaire fixe genre "8-5", est amené sinon à disparaître, du moins à connaître dans les années à venir une lente mais forte diminution. Le seul risque de saturation imaginable à court terme devrait donc se réduire de lui-même, au fur et à mesure que se développeront les nouveaux modes de production principalement immatérielle, et avec eux, les nouvelles formes de prestations et de rémunérations du travail.



[1] Selon un article sur la mobilité, publié dans le journal de la Carte J, en sept.99, le nombre moyen de passagers dans les bus wallons serait de ...17 personnes !

[2] Les mêmes pouvoirs publics qui avancent ce type d’argument ont "offert" aux fonctionnaires fédéraux, navetteurs par excellence, la réduction récente la plus spectaculaire : la gratuité quasi totale sur le rail , puisque seul 12% du coût de l’abonnement restent à charge du travailleur.











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