Rappelons que 75% du coût du transport public est financé soit par l’Etat fédéral, soit par les Régions, c’est à dire par tous les citoyens.
Une telle affirmation démontre donc une méconnaissance totale de la réalité actuelle. Ou alors, elle est à comprendre comme une critique du système "public", qui, implicitement, en appellerait à son intégrale privatisation ! Car c’est en effet cela que l’on revendique lorsqu’on dit que "seuls ceux qui utilisent le bus ou le train doivent payer". Il faut savoir alors que, pour couvrir intégralement les frais d’exploitation, le ticket de bus le moins cher devrait avoisiner les 170 fb et qu’un aller simple Liège-Bruxelles devrait sans doute être fixé à près de 1800 fb.! A de tels tarifs, autant déclarer tout de suite la mise en faillite des sociétés de transport en commun. Croire donc que la libéralisation du marché, avec son système de libre concurrence, permettrait de ramener les tarifs aux montants actuels est évidemment un leurre [1].
Tous les secteurs publics fonctionnent sur cette logique de solidarité et de redistribution des richesses : vous payez autant de cotisations "maladie" que votre collègue de travail, alors que vous ne voyez un médecin que très rarement et que lui, de nature plus faible ou atteint d’une maladie chronique, y est "fourré" tous les quinze jours ! Vos impôts financent l’enseignement, alors que vous n’avez pas d’enfants en âge scolaire. On pourrait multiplier les exemples à l’infini.
Rappelons pour finir que nous subissons tous et finançons tous à coups de milliards les conséquences désastreuses de l’usage intensif de la voiture et du camion, y compris ceux qui se déplacent uniquement ou majoritairement en vélo, à pieds ou en transports publics. Or, ni la voiture ni le camion ne relève de la catégorie "service public".
[1] En Grande-Bretagne, la privatisation du rail a donné lieu à une flambée des prix ! Malgré cela, les sociétés de transport privées n’ont pu dégager du bénéfice qu’en laissant se dégrader la voirie et le matériel roulant, avec les conséquences que l’on connaît en matière d’accidents, et en précarisant également les conditions de travail et le statut de la plupart des agents. Aujourd’hui, la situation sur le réseau s’est à ce point détériorée que le gouvernement socialiste de Tony Blair a décidé de ré-investir massivement dans la sécurisation du rail, sans contre-partie , ni intervention financière des opérateurs privées qui continuent de faire du besoin impérieux de déplacement des populations "laborieuses" leur fond de commerce.