Depuis plusieurs mois, quelque chose bouge à la STIB. De plus en plus de voyageurs sortent d’une simple position de client, consommateur de km, pour rappeler que l’avenir des transports en commun dépend d’abord quotidiennement des premiers concernés : ceux qui les vivent (les usagers) et ceux qui les font vivre (les travailleurs).
A travers notamment les opérations « Free Zones » (Zones d’Accès Libre) , des centaines de personnes, travailleurs et usagers avec ou sans ticket, commencent à oser se sourire et se soutenir. Nous nous rendons service, par exemple en signalant lorsque des contrôles ont lieu (ce qui évite pas mal de tensions et de problèmes financiers), en transmettant à d’autres notre carte de 1 ou de 10 voyages quand il y reste du temps, etc. Nous discutons et nous nous informons sur le projet de transports vraiment publics, d’accès gratuit (comme à Hasselt), financés sans nous imposer un double paiement, revalorisés pour être capables d’affronter les défis actuels : encombrement et asphyxie des villes, réchauffement climatique, mobilité à deux vitesses, influence des intérêts privés sur les activités de transport public,…
Bref, nous sommes de plus en plus nombreux à construire pratiquement une STIB de service public, dont la mission consiste à combattre les inégalités et les nuisances par la mise en place de services de qualité accessibles à tous. Beaucoup d’agents de première ligne de la STIB (conducteurs, agents de la billetterie, stewards) partagent le projet de l’accès gratuit et nous le font souvent savoir.
Mais tout le monde n’apprécie pas que les usagers et le personnel communiquent librement sur autre chose que les trajets ou le prix d’un ticket. La direction de la STIB voit dans cette démarche citoyenne une… association de malfaiteurs. Pour « faire arrêter immédiatement cette hémorragie et faire cesser le trouble et les désordres », son comité de gestion vient de citer en justice 19 usagers (chômeurs pour la plupart), selon une procédure d’extrême urgence.
Voici ce qu’elle veut imposer à partir du jeudi 21 juin :
Astreinte (amende) de 5000 fr. pour toute distribution d’un texte sur l’accès gratuit aux transports ;
Astreinte de 1000 fr. pour le fait d’avoir sur soi un tel document ;
Astreinte de 1000 fr. pour le moindre document de ce type trouvé sur le réseau ;
Astreinte de 5000 fr. pour toute parole échangée entre voyageurs sur la présence de contrôles ;
Astreinte de 5000 fr. pour tout contact verbal entre un travailleur et un usager du Collectif sans ticket, dans un véhicule, une station ou un dépôt.
Surprises par un débat et des solidarités qui leur échappent, les hautes sphères de la STIB ne trouvent rien de mieux comme réponse que de vouloir les étouffer en menaçant d’une amende toute forme de relation humaine sur le réseau. Chacun de nous, chacun des 300.000 usagers quotidiens et des 5.500 agents de la STIB devient pour la direction un fauteur de trouble à surveiller, puisqu’il peut se mettre à parler de transports gratuits à ceux qui l’entourent. Pire, il peut même oser coopérer avec d’autres pour améliorer concrètement le service public. Sans déposer de préavis.