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« NE PAS COOPERER PENDANT LA CONDUITE, SVP »

Collectif sans ticket - 16 juin 2001


Vous avez peut-être remarqué les autocollants « Ni fraude ni accès payant » qui fleurissent sur les véhicules et dans les stations des transports en commun bruxellois. Depuis 4 mois en effet, à l’initiative du Collectif sans ticket, des usagers multiplient les rencontres et les échanges avec le personnel de la STIB et en particulier avec le personnel roulant croisé au quotidien. Ces relations hors du strict échange commercial se sont révélées fructueuses, en réveillant les intérêts communs liés à tout service public.


Combinées aux initiatives « Free Zones » (Zones d’Accès Libre), elles font circuler sur le réseau de nouveaux liens, de nouvelles paroles, de nouveaux regards. Des centaines de personnes, travailleurs et usagers avec ou sans ticket, commencent à oser se sourire et se soutenir, se rendre service (par exemple en se signalant la présence de contrôles), s’informer sur la gratuité à Hasselt ou sur les joies du service en 5/8… Bref, rappelant quotidiennement que le fonctionnement des transports en commun dépend d’abord de ceux qui les font vivre (le personnel) et de ceux qui les vivent (les voyageurs).

Apparemment, tout le monde ne partage pas cette opinion. La direction de la STIB vient de citer en justice 19 usagers (chômeurs pour la plupart) selon une procédure urgente, pour les empêcher d’ouvrir le débat de l’accessibilité pour tous aux transports en commun. Voici ce qu’elle veut imposer à partir du jeudi 21 juin :
-  Astreinte de 5000 fr. pour toute distribution d’un texte sur l’accès gratuit aux transports.
-  Astreinte de 1000 fr. pour le fait d’avoir sur soi un tel document.
-  Astreinte de 1000 fr. pour le moindre document de ce type trouvé sur le réseau.
-  Astreinte de 5000 fr. pour toute parole échangée entre voyageurs sur la présence de contrôles.

-  Et astreinte de 5000 fr. pour tout contact verbal entre un travailleur et un usager du Collectif sans ticket, à bord d’une voiture, dans une station ou dans un dépôt.

D’habitude, le mécanisme des astreintes s’applique aux seuls travailleurs. En cas d’arrêt de travail le management fait d’abord référence aux vertus du dialogue, puis il passe aux menaces financières pour restreindre ainsi la pratique du droit grève. Il appelle alors un huissier pour imposer des astreintes de dizaines de milliers de francs par jour aux agents jugés perturbateurs. Et un argument suprême justifie généralement ce coup de force : « les voyageurs sont pris en otage ». Les médias interrogent un ou deux clients mécontents qui passent le soir même dans les journaux télévisés et le conflit social est habilement transformé en un comportement asocial et égoïste du personnel, qui autorise la justice à s’en mêler.

Mais ici le cadre a changé et les rôles se répartissent différemment. L’enjeu échappe aux discours méprisants ou fatalistes souvent entendus à propos des conflits du travail : c’est la construction d’une STIB de service public, instrument offensif de réduction des inégalités et d’épanouissement collectif. Et les « éléments qui perturbent » la privatisation ne sont pas des meneurs syndicaux qu’il serait facile d’isoler ou des actions de grèves impopulaires. Au contraire, ils sont partout, au niveau des mots et des actes de sympathie les plus courants, au cœur de cette « communication » que le management encourage en général. L’évidence est là, et certains à la STIB le découvrent avec effroi : les usagers et les travailleurs, nous et vous, pouvons communiquer librement sur autre chose que les horaires ou le prix des billets.

Pris au dépourvu, les avocats de la STIB ressortent la menace des astreintes, et ne trouvent rien de mieux que de vouloir l’appliquer à… toute forme de relation humaine pendant le service. Chacun des 300.000 usagers quotidiens et des 5.500 agents de la STIB devient fauteur de trouble à surveiller, puisqu’il peut se mettre à parler de transports gratuits à ceux qui l’entourent. Sans déposer de préavis.

Mais il est trop tard pour faire taire la solidarité. La STIB est en train de changer. Par en bas…







VOIR AUSSI :

Ni fraude ni accès payant




Forum de l'article (1 messages)

> « NE PAS COOPERER PENDANT LA CONDUITE, SVP »    
3 mai 2004, par TiTi

Ils deviennent tous fou à la STIB !





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