Voici le texte distribué par le CST lors d’une rencontre organisée par ECOLO pour évaluer la politique gouvernementale relative à la SNCB. Le CST était invité à y participer. C’est chose faite : sous la forme d’une mise au point et d’une petite intervention théâtrale... et il y a aussi des images ici !
Contribution critique à l’évaluation de la politique ECOLO dans le dossier SNCB
Il y a eu les " Etats généraux de l’écologie politique ", puis il y a eu les élections. Surprise : le paysage politique belge change enfin de couleur. Les suffrages offrent à ECOLO la possibilité de rompre le ronron des alliances classiques PS - PSC, de mettre en pratique leur volonté affichée de faire de la politique autrement.
Et puis.
Aujourd’hui, c’est reparti pour un tour : ECOLO reprend contact avec la " société civile ". " Trente politiques publiques à évaluer avec les acteurs civils ". Ce samedi 23 février 2002, le Collectif Sans Ticket est invité à faire part de ses critiques sur le dossier " Politique de mobilité et de transport ", parmi d’autres invités. Nous n’avons pas la prétention d’intervenir de manière exhaustive sur ce dossier. Nous voudrions plutôt aborder cette question de l’évaluation en partant de ce que nous avons pu expérimenter en terme de coopération avec ECOLO au cours de ces derniers mois.
Bref rappel
Le CST intervient depuis trois ans sur le réseau de la SCNB, entre autres par le biais de la Carte de droit aux transports. Cette carte, exhibée lors de chaque contrôle en lieu et place des billets classiques, nous permet d’ouvrir avec les accompagnateurs de train une relation inédite à la faveur de laquelle se posent les questions de service public, d’accès aux équipements collectifs, d’environnement et d’aménagement du territoire. Depuis trois ans, cette mise en risque concrète de dizaines d’usagers, que tout poussait à rester à quai, a permis d’ouvrir dans les trains des moments de discussions enrichissantes avec les travailleurs et les autres usagers. Sans oublier non plus que cet acte impliquait dans 70% des cas l’administration d’un C170 (constat d’irrégularité, càd une amende de 50 euros).
Cette démarche de décloisonnement, de création, ici et maintenant, " d’un autre possible du service public " s’est construite autour d’une dynamique de rencontre avec les différents acteurs de ce champ (syndicalistes, urbanistes,...) et bien évidemment avec les ECOLO ayant en charge le dossier SNCB.
Petite histoire d’une rencontre qui n’a pas eu lieu
Lors des " Rencontres écologiques d’été " en août 2000, nous étions invités à exposer nos idées dans un atelier consacré à la gratuité des transports. Nous y sommes alors mis en présence d’ Isabelle Durant, à qui nous adressons une proposition de rencontre... restée sans réponse.
Le 22 septembre 2000, à l’occasion de la Street Party, nous rappelons à la ministre notre existence, et sa proposition de rencontre restée lettre morte. Sans plus de réaction.
8 mars 2001, réunion de travail entre le CST et les différentes instances d’ECOLO. Parlementaire invitée : Marie-Thérèse Coenen. Volonté affichée de cette rencontre : " ouvrir un espace de coopération expérimentale autour d’un droit - à conquérir - à la mobilité ». Juridiquement, il est prévu d’introduire une proposition de modification de l’article 23 de la constitution, ainsi qu’une question parlementaire adressée à M. Verwilghen et I. Durant sur les poursuites dont sont la cible les utilisateurs de la Carte de droit aux transports. Le PV de cette réunion a été ratifié par toutes les personnes présentes.
24 avril 2001, réunion d’évaluation des différents chantiers mis en place. Seule Marie-Thérèse Coenen est présente. Elle nous présente une proposition de question parlementaire qu’elle aurait envoyée au secrétariat de la présidence.
Quelques semaines plus tard, nous sommes invités à réagir à une proposition de réponse émanant du Cabinet mobilité, et rédigée par la SNCB. Procédure classique semblerait-il, si ce n’est que dans ce cas précis, la SNCB se pose en juge et partie, et qu’aucune instance intermédiaire ne semble pouvoir se mettre en place. Nous apprenons à cette occasion que la question parlementaire n’a jamais été envoyée. Nous intervenons cependant sur le projet de réponse.
En réalité, depuis cette date et dans le dossier précis de la SNCB, plus aucun travail de collaboration n’a été produit. La question parlementaire est définitivement tombée aux oubliettes. Quant au fond du dossier, nous avons appris de ci de là, à l’occasion de rencontres fortuites dans les couloirs qu’il suivait son cours.
Problèmes
Que l’on comprenne bien notre intention ici : il ne s’agit pas pour nous de faire de cette réunion un règlement de compte personnel avec tel ou tel individu. Mais plutôt, au travers de ce bref rappel des faits, d’une part de pointer un problème qui fait signe d’un déficit récurrent en terme d’écologie des pratiques. D’autre part, de relever la position d’impuissance dans laquelle ECOLO au pouvoir semble se complaire dans ce dossier.
Il n’y a pas d’alliance possible sans mise en risque de part et d’autre.
De risque, entendu comme pas de côté par rapport à sa position, il ne fut jamais question ici. Comme si faire de la politique,, tout simplement et même pas "autrement", pouvait se réaliser sans ce minimum d’exigence. Si tel est le cas on ne produit que du même, c’est à dire pas grand chose...
Symptomatique de cette stratégie d’évitement : le procès intenté par l’Etat et la SNCB au CST qui a lieu le 7 décembre 2001. Le jugement a été rendu le 18 janvier, et près de 20 personnes se trouvent condamnées à de lourdes amendes ou à des peines substitutives d’emprisonnement allant jusqu’à 3 mois. Aucune réaction de la part d’ECOLO.
Les enjeux contemporains de la mobilité sont-ils réductibles aux " transfert modal " et à l’ " intermodalité " ?
Le problème dépasse largement les 20 personnes condamnées : 150.000 " resquilleurs " selon les termes de la SNCB, sans compter les milliers de personnes qui défilent chaque année devant les tribunaux de police pour amendes non payées à la STIB. Application mécanique du droit qui conduit au surendettement ou à la prison.
L’immobilisation comme seule réponse ?