[logo]


Titre 4 : PERSPECTIVES POLITIQUES ET ORGANISATIONNELLES.

Groupe de "recherche-action" - décembre 2000


En cohérence avec le concept même de recherche-action, le texte qui suit, même s’il est souvent formulé de manière affirmative, doit être compris comme un énoncé d’hypothèses de travail et de réflexion.

Les objectifs de cette recherche-action ont, à de nombreuses reprises, été formulés tant en terme d’émergence de revendications socio-politiques qu’en terme d’émergence de rapports de coopération et d’accroissement de l’autonomie, individuelle et collective, au sein de la BTS.


Sur ce deuxième plan des objectifs, le dispositif imaginé pour la recherche-action devrait garantir des résultats pour autant que nous soyons en phase dans le concret avec son énoncé sur papier et que nous le menions avec finesse, souplesse, transparence, sans tentative implicite d’instrumentalisation ou de manipulation subies ou provoquées. Recueillir des paroles, les mettre en circulation, mettre en relation ceux qui les énoncent, tout cela ne peut à priori que renforcer la finesse et la complexité de la représentation que chaque acteur mobilisé par la recherche-action pourra se faire de lui-même et de ce qui « s’agite » dans son environnement, donc son autonomie et ses potentiels de coopération.

Le premier plan par contre est d’un abord plus complexe. Si l’objectif est bel et bien de susciter l’émergence de revendications, sans en prédéterminer la teneur, ni les priorités, tout en se réservant la possibilité de ne pas porter par nous-mêmes celles dans lesquelles nous ne nous reconnaîtrions pas, il ne faut pas nier à l’inverse que nous portons en nous-mêmes le désir que certaines revendications, plus ou moins précises, plus ou moins larges, déboulent dans la foulée de notre travail. Si nous voulons éviter de basculer dans la posture du militant-conscientiseur, il va falloir nous garder de faire de ces revendications des éléments occultants ou inducteurs de « la parole » à recueillir et des interprétations multiples à en reformuler. Cela ne doit pas nous empêcher à l’inverse de poser nos perspectives revendicatives comme un des éléments possibles d’un débat politique prospectif à ouvrir avec les différents acteurs. Profiter de la recherche-action pour évaluer la pertinence de ces revendications et l’opportunité de leur émergence dans l’espace public. Profiter également d’une connaissance plus fouillée et plus fine des réalités que nous allons découvrir pour affiner en parallèle ces revendications, leurs contours et leurs légitimités, bref pour leur donner du corps… !

Trois champs ont été évoqués jusqu’à présent. Celui du Revenu individuel garanti, qui pose l’enjeu pour les sujets de la BTS d’une garantie de moyens individuels d’existence décents, d’un desserrage concomitant par rapport à la tenaille du Contrôle social et d’une mise à distance, par rapport à l’obligation d’une prolétarisation précarisée posée comme condition (contradictoire) au Droit d’exister !

Parallèlement se pose la question de l’accès à des Moyens collectifs de « produire autrement ». On l’a dit : la BTS est constituée d’une myriade de producteurs à dominante immatérielle, souvent collectivisés ou du moins organisés sur des rapports de libre coopération. L’accès à des équipements collectifs, gérés en toute autonomie, dans une perspective de micro-services (aux ) publics (proches), avec un rayonnement territorial limité et un système de contrôle de proximité fonctionnant sur un plan horizontal, est une des conditions nécessaires du développement de ces productions « hors marché » et « hors super-structures »…On pourrait provisoirement parler ici de la question de l’émergence d’un concept de Revenu associatif ou collectif garanti

Enfin, troisième champ évoqué jusqu’à présent, celui de la Mobilité. La reterritorialisation à l’œuvre au sein de la BTS, tant en terme d’espace-temps que d’espace géographique ou d’espace social (ou culturel), reconfigure la question de l’organisation et de l’accessibilité des moyens de circuler ou de faire circuler des productions différenciées.

Cette question pose en sous-bassement celle de la prise collective que nous avons à construire dans notre rapport à la fois collectif et multiple sur des équipements collectifs d’utilité « tout public » et à large rayonnement territorial… bref, ce qui est communément appelé « Services Publics »… Ici se formulent des questions, où, en tant qu’usagers légitimes de services financés dans des logiques redistributives, nous avons à renforcer nos capacités à influer sur les décisions de gestion qui déterminent l’organisation de ces services et leurs fonctions, nos capacités à structurer du contrôle social à la base et par la base, nos capacités à accroître et à garantir un usage optimal de ces services pour tous ceux qui en ont besoin … Dans cette question de l’usage garanti à tous se profile l’émergence d’un concept complémentaire de Revenu public garanti.

Notons pour rappel que ces trois champs d’investigation formulés ici autour du terme central et modulable de Revenu garanti renvoient tous à la manière dont nous avons abordé et tenté de définir le concept large de Mobilité : mise en fluidité maximale, non normée, dans des dynamiques et des mouvements autonomes (au sens d’auto-déterminés et d’auto-contrôlés), de la multitude des savoirs mineurs, des productions et des échanges générés par et au sein de la BTS et … des personnes qui les génèrent !

L’enjeu est de taille si l’on reformule pour conclure, sous forme d’hypothèse politique centrale, que : c’est dans et par la Banlieue du Travail Salarié, en tant qu’espace social singulier, en construction offensive, producteur d’innovations et de nouvelles subjectivités constituantes, que nous pouvons lire les tendances en cours et en devenir de notre société présente et future. Autrement dit, se joue actuellement dans cet espace le laboratoire de l’antagonisme de demain : via l’exercice des nouvelles formes d’exploitation et de contrôle et via les nouvelles formes de libération et de socialisation collectives. Double mouvement antagoniste à l’œuvre dans cette époque « entre deux » qui est la nôtre aujourd’hui.











Ce site est hébergé par Collectifs.Net , portail autogéré. Les textes signés par le CST sont libres de droit, servez-vous.
Il est géré grâce au Système de Publication pour l'Internet Partagé (SPIP) , soumis à la GNU General Public Licence (GNU/GPL) .
Pour contacter le "webmestre" : webcollectif-cst@altern.org .