Quel avenir pour les nouvelles formes de contestation en Europe ?
Ce texte fut réalisé dans la période précédant le sommet européen de Laeken. A la suite d'une perquisition organisée par la police fédérale du métro dans les locaux du Collectif sans ticket et en réponse au délire sécuritaire qui anime un certain nombre de personnes dans les sphères du pouvoir, il nous a semblé important d' organiser un séminaire sur la question des liens entre désobéissance civile, libertés publiques et droit pénal (Vous pouvez aussi entendre le séminaire sur le site du député fédéral belge Vincent Decroly).
Au début de l'année 1998, au sortir des derniers frimas de l'hiver, le Collectif Sans Nom, regroupant un cinquantaine de personnes, inaugurait le "Centre Social", à l'occasion de l'occupation d'un bâtiment laissé à l'abandon depuis plus de 9 ans.
Collectif sans nom 14 septembre 2001
Luttes de "minorités" et politique du désir
Chimères n° 33 Le désir ne chôme pas
Depuis 68 la "CLASSE OUVRIERE" est minée par un double processus de "dissolution", en tant que sujet productif et modèle de subjectivation des conflits dans le capitalisme. En effet, les luttes de minorités (femmes, homosexuels, immigrés), qui se sont développées depuis, sont porteuses non seulement de contenus nouveaux mais aussi de rapports différents de subjectivation et de relations inédites avec l'État et les institutions.
Maurizio Lazzarato 31 mai 2002
"Les trois écologies" de Félix Guattari
Nous présentons ici un extrait d'un texte de Félix Guattari, que Le Monde diplomatique a présenté comme une sorte de "testament philosophique". La réflexion y est ambitieuse et totalisante. Elle centre néanmoins son analyse sur l'importance de la singularité de chacun d'entre nous, en nous et face aux autres. Une façon bien à lui de concevoir la place de l'individu dans notre société. [1]
Consultez aussi les émissions "Boîte à outils", exploration radiophonique des contours possibles d'une écologie plurielle, d'une écosophie. Si vous éprouvez des difficultés à les télécharger, contactez-nous... ou patientez jusqu'à la mise en ligne de leur transcription :-)
Félix Guattari, dans un ouvrage majeur, "Les trois écologies" (Paris, Galilée, 1989) développe la notion d'"écosophie" qui repose sur trois écologies. La première, environnementale, est la démarche écologique ordinaire. La deuxième, sociale, consiste à s'opposer au capitalisme mondial intégré, en recréant des espaces d'économie individuelle, autonome, et des rapports sociaux ou familiaux "réinventés" ; enfin l'écologie mentale qui, pour Guattari l'expert en psychanalyse, permet la réhabilitation de la subjectivité, de la singularité. F. Guattari montre que l'écologie environnementale devrait être pensée d'un seul tenant avec l'écologie sociale et l'écologie mentale, à travers une "écosophie" de caractère éthico-politique.
31 mai 2002
Résister c’est créér, en Argentine comme en Belgique...
Manifeste du Réseau de Résistance Alternatif
Buenos Aires
septembre 1999
« Eux » et « nous »
Ce texte, dont la première mouture fut écrite en octobre 99, tente de discerner les passerelles existant entre le monde des travailleurs à la SNCB et le monde plus flou des chômeurs et autres précaires. Il faisait aussi partie d'une « recherche-action » en cours dont l'objectif était de tracer un autre rapport entre les usagers et ceux qui permettent leur déplacement, en vue d'une refonte du service public.
Collectif sans ticket 30 octobre 2000
D’une aventure à l’autre, vers une pratique de "l’usager" qui s’invente
Le CST en 2 mots
Publié dans le journal "Archipel" de mars 2002 - Dernière mise à jour : 24 janvier 2003
Pour une introduction sonore au travail du CST, voir Usages et usagers autour du libre accès.
Les Collectifs sans ticket (de Bruxelles, Liège et Marseille) sont des réseaux d'usagers des transports en commun réunis par la volonté de promouvoir le rôle moteur de ces services publics comme instruments d'émancipation collective et de recomposition des manières d'habiter et de parcourir les territoires, de se former, de susciter des processus politiques "par en bas",... bref, de produire des situations par où passent la liberté et la solidarité.
Le projet de l'accès gratuit aux transports en commun pour toutes et tous est pour nous une porte d'entrée vers de telles dynamiques. Nous le valorisons autant en raison du potentiel d'imagination qu'il libère et des questions multiples qu'il soulève chemin faisant, que sous l'angle de ses retombées bénéfiques pour les premiers concernés par les réseaux de transport, leurs travailleurs et leurs usagers.
Notre travail spécifique est double : d'une part, provoquer une rupture pratique dans les logiques dominantes qui caractérisent le champ des transports et de l'aménagement du territoire. D'autre part, produire une parole publique, appuyée sur la constitution d'une contre-expertise d'usagers, susceptible de transformer les manières dont ces problèmes font penser.
Notre travail à cet effet se traduit aussi bien par des dispositifs d'intervention publique et des pratiques de désobéissance civile que par la mise en oeuvre de recherches, l'organisation de séminaires, de formations, etc. ou la réalisation d'une émission radio régulière.
Le texte ci-dessous retrace rapidement les quatre premières années de l'itinéraire des CST (1998-2002)
Collectif sans ticket 9 mars 2002
Droit aux transports et revenu garanti
Texte initialement paru dans la revue "Multitudes" n°8 - mars/avril 2002
1. Contexte de l'émergence d'une lutte et pratique du droit aux transports / 2. Environnement et aménagement du territoire / 3. Banlieue du travail salarié et revenu garanti / 4. Situation actuelle : encore un effort...
Collectif sans ticket 8 avril 2002
entretien avec Yann Moulier Boutang
L’art de la fugue (Yann Moulier-Boutang)
Propos recueillis par Stany Grelet.
Je ne pense pas que nos modèles complexes fonctionnent comme des moteurs à pistons et à explosion, avec des gens qui seraient les pistons et d'autres qui serviraient simplement de carburant et d'énergie. Je ne pense pas que le modèle énergétique du travail soit le bon : du muscle consommé, bon à prendre puis à jeter, qui produit simplement de la valeur. Aujourd'hui la création de richesses s'opère par la coopération, l'échange, la communication. Et c'est en vue de mieux pomper ces vraies ressources que le capitalisme est en train d'essayer de s'organiser. Donc cela veut dire que l'on se trouve face à un champ de ressources, intellectuelles, pratiques, subversives, beaucoup plus large.
Nous avons rencontré Yann Moulier Boutang pour la première fois il y a deux ans, pendant les élections législatives : comme nous, il avait signé le manifeste Nous sommes la gauche. Cette drôle d'irruption, au centre même de l'espace politique, d'une gauche lasse de s'entendre qualifier de " morale " ou de " sociale ", Yann la poursuit, à sa manière : au seuil des élections européennes, il vient de rallier les Verts, dont il fait le pari qu'ils sauront, eux, porter en haut les revendications nées en bas - celle en particulier dont il est, avec son ami Toni Negri, l'un des principaux théoriciens : un revenu garanti pour tous.
Aujourd'hui, nous sommes peut-être plus pessimiste que lui sur la capacité de la gauche officielle à nous représenter. Il n'empêche : il partage avec nous une envie d'en découdre nourrie aux luttes minoritaires. Soixante-huitard sans remords, engagé de longue date auprès des sans-papiers et des chômeurs, animateur de la revue Futur Antérieur et biographe d'Althusser, il fait partie de ces savants trop rares qui manifestent sans minauder, et de ces politiques précieux qui n'ont pas échangé l'optimisme de la volonté contre le pessimisme de l'intelligence.
Son dernier ouvrage en témoigne. La thèse de cette incroyable " économie historique du salariat bridée " [2], fabriquée à partir d'une analyse des migrations de main-d'œuvre, est simple et nous plaît : les fugitifs font le monde. Le ressort réel de l'histoire du capitalisme, nous dit-il, c'est la capture sans cesse à recommencer, par les chaînes ou par le salaire, d'une fuite jamais interrompue, loin des plantations ou hors de la " société du travail " : celle de l'esclave, du vagabond, du RMIste ou de l'intermittent du spectacle ; celle, par extension, des minorités indociles aux étalons majoritaires. La nôtre, quoi.
Vacarme mai 1999
Titre 2 : SIGNES, ESPACES ET DEMARCHES
En cohérence avec le concept même de recherche-action, le texte qui suit, même s'il est souvent formulé de manière affirmative, doit être compris comme un énoncé d'hypothèses de travail et de réflexion.
Aujourd'hui donc, en même temps que le capitalisme se redéfinit concrètement et fondamentalement, il se passe quelque chose qui est aussi en recomposition et en développement, de manière profonde et multiforme, au sein de cette Banlieue vivante du Travail Salarié que, pour sa refonte, le capitalisme doit investir, capter, contrôler, intégrer dans sa nouvelle dynamique.
Groupe de "recherche-action" décembre 2000
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